Univers Natendo

L’aventure commence dans la remise d’une gare. C’est dans cette petit pièce encombrée d’objets perdus, que la rencontre avec le protagoniste principal du jeu se fait : Yuma Kokohead. Derrière ce nom étrange se cache bien des mystères car notre héros est amnésique ! Seuls indices sur ce qu’il fait là : un billet de train et une lettre provenant de l’Organisation Mondiale des Détectives (OMD)… En montant dans le train, Yuma s’embarque sans le savoir dans un voyage bien périlleux !

Test réalisé en 2023

Si le mot Detective du titre ne vous a pas mis la puce à l’oreille, Rain Code est un jeu d’enquête. C’est à dire que la trame narrative et le gameplay du jeu sont axés autour de différentes affaires criminelles. Et c’est au joueur de les résoudre pour faire progresser le scénario. En fait, la première affaire se déroule directement dans le train, histoire de se mettre dans le bain très vite…Ce n’est qu’une fois ce prologue terminé que Yuma se retrouve à Kanai Ward. Une ville au paysage idyllique… pour les amateurs de pluie incessante et de néons verts flashy ! Les “Pacificateurs” (mélange entre police et milice) y règnent en maîtres absolus et la ville est sous le joug d’une multinationale très louche : L’Amaterasu Corporation. Bref, un endroit charmant pour vos prochaines vacances… C’est d’ailleurs la principale motivation pour l’OMD d’envoyer des Maîtres détectives enquêter à Kanai Ward : comprendre ce qu’il se passe dans cette ville coupée du monde ! Et pour répondre à cette question, il n’y a qu’un seul moyen : arpenter la ville à la recherche d’indices…

Vous l’aurez compris, Yuma se retrouve à chaque fois plongé dans une nouvelle affaire que l’on devra résoudre et qui fera progresser notre compréhension des personnages et du mystère global qui entoure la ville. Voilà pour la structure scénaristique, efficace et tout de même plus variée que ce que mon texte laisse penser, mais je ne souhaite pas révéler certains événements qui viennent la bousculer… L’histoire que le jeu raconte est intrigante mais ce sont surtout les personnages qui la font vivre ainsi que le gameplay atypique qui rendent le jeu intéressant à mon sens.

Yuma est accompagné d’une déesse de la mort (oui, rien que ça), nommée
Shinigami, une alliée de poids pour résoudre les affaires ! Grâce à ses pouvoirs, Shinigami peut matérialiser, sous la forme d’un Labyrinthe des mystères, la totalité de l’affaire en cours. Suspects, indices, éléments perturbateurs, interrogations et incohérences, tout se retrouve sous la forme d’embranchements labyrinthiques, d’ennemis à combattre ou d’énigmes à résoudre. En plus de
Shinigami, les membres de l’OMD aussi ont des capacités spéciales. Des Aptitudes hors du commun qui se révéleront très utiles lors des enquêtes. Ces pouvoirs permettent de modifier l’approche des investigations et ajoutent une dimension surnaturelle fort appréciable. J’ajoute à ça la personnalité bien trempée de chaque personnage et tout est réuni pour obtenir une histoire qui tient la route, qui est plaisante à suivre et qui sait faire varier les plaisirs !

Je tiens quand même à prévenir les plus sensibles (ou jeunes) d’entre vous, le jeu cible clairement des joueurs adultes. Les thématiques liées aux crimes ne sont pas du tout abordées comme le fait un Ace Attorney mais adopte un ton bien plus sérieux.

Que ce soit dans la psychologie des personnages pour la plupart torturés, dans la mise en scène de certains dialogues ou dans les scènes de crimes non-censurées, bien souvent glauques, il faut être prévenu. Rassurez-vous, la direction artistique du titre ne vise pas du tout le réalisme, mais retranscrit plutôt très bien l’univers détraqué que le jeu met en scène. Une ambiance visuelle qui dérange un peu, d’autant qu’elle est renforcée par la bande-son (musiques, doublages et bruitages) toujours d’à-propos. Ce n’est pas une BO que j’écouterai dans mon salon, mais le jeu des silences, des bruitages stridents et des musiques presque métal rendent vraiment bien.

Avec son approche originale dans la résolution des affaires via le Labyrinthe des mystères et les Aptitudes de nos alliés lors des enquêtes, Rain Code arrive à garder un rythme soutenu. Manette en main, une sorte d’alternance s’installe entre dialogues (découverte de l’histoire, mise en place des personnages, etc.) enquêtes (chercher des Clés solutions, sorte d’indices qui pourront servir dans le Labyrinthe) et résolutions (via le Labyrinthe des mystères de Shinigami). Ce triptyque représente le cœur du jeu mais aucune de ses différentes phases ne se ressemblent dans chaque affaire. Notamment grâce aux crimes eux-mêmes qui diffèrent mais aussi grâce aux nouveaux personnages qui font leur apparition, aux nouvelles aptitudes qui se révèlent et à la structure des labyrinthes. Ces changements apportent à chaque fois un brin de fraîcheur, et passer d’une phase à l’autre est toujours plaisant ! Cela étant, il y a quand même quelques points négatifs à soulever qui rendent l’expérience de jeu particulière.

La moitié du temps, le joueur est passif. Il ne fait “que” lire lors des phases de dialogues. Personnellement ça ne m’a pas dérangé, mais cela peut être rebutant pour celles et ceux qui ne cherchent qu’à résoudre des enquêtes. Comme je l’ai dit en début d’article, c’est un jeu narratif en premier lieu. Il prend le temps de raconter son histoire, de décrire son univers, et de développer ses personnages. C’est un point positif mais aussi négatif, car une certaine lenteur se ressent dans la narration. Le jeu prend un peu trop de temps pour tout mettre en place. Un bémol dû à la nature narrative du jeu : j’ai passé plus de temps à lire qu’à jouer… faut être au courant, disons. Plus embêtant, lorsque Yuma doit se rendre d’un point à un autre de la ville, pour les besoins scénaristiques et faire avancer la trame principale, on ne fait que déplacer le personnage d’un point à un autre… ça n’est pas très palpitant, vous en conviendrez. Je suis un peu mauvaise langue, car ces moments permettent en réalité au joueur de se lancer dans différentes missions annexes, en parallèle de la trame principale. Je n’y ai cependant pas trouvé grand intérêt et j’ai préféré découvrir l’histoire du jeu et des personnages principaux, pas celle de “Femme d’affaire qui attend son bus” (certains personnages secondaires sont vraiment nommés de cette manière). Enfin, les temps de chargement semi-réguliers sont longs, ce qui casse le rythme déjà assez lent du jeu. Quoi qu’il en soit, la narration reste un point fort de Rain Code. Elle prend son temps, mais ne se perd pas non plus avec des détails inutiles. D’autant que cette narration est renforcée par l’envie de résoudre les affaires et d’en découvrir plus !

C’est d’ailleurs dans les Labyrinthes des mystères que le jeu brille le plus. Grâce aux Clés solutions, la matérialisation des indices récupérés lors de l’enquête, le joueur doit répondre aux différentes questions posées par le Labyrinthe. L’affaire est-elle un homicide ? Un suicide ? Il faudra parfois recréer la scène de crime, et montrer au Labyrinthe comment le coupable a réalisé son meurtre, afin de prouver nos hypothèses. Le chemin choisi dans le Labyrinthe mènera ou non à la vérité, les éléments perturbateurs venant régulièrement le chambouler. Notamment lors des Duels de raisonnement. Yuma (donc le joueur) doit rapidement trouver les bonnes Clés solutions, afin de contrer les déclarations faussées des suspects qui cherchent à camoufler leurs implications…

Ce sont ses personnages très particuliers, ses nombreux rebondissements narratifs inattendus, son ambiance dystopique de la société, son gameplay novateur et ses petites touches d’humour noir qui m’ont fait apprécier Rain Code plus que je ne m’y attendait. Alors si vous n’êtes pas trop sensibles aux images troublantes ou aux dialogues parfois vulgaires, sadiques et dérangés et que vous êtes intéressés par la résolution de multiples crimes en tout genre : chambres closes, meurtres en séries, mises en scènes… alors comme moi, Master Detective Archives : Rain Code saura combler vos attentes et même les surpasser.

17/20

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